« Le chemin » et « Le tilleul et ses trous de lumière »

by b

Deux textes de Georges Badin

Le chemin

A côté du chemin montant, des genêts en surface jusqu’au bleu de la toile, de la photographie.
Il veut l’emprunter, ce chemin qui miroite, pour suivre son corps droit, en ombre, à terre. La couleur est absente. Il désire être seul, s’en souvenir. Les genêts sont des cachettes d’enfance, il ne le savait pas avant ce jour, cette photo. Il choisit de ne pas les traverser. Ils sont ses alliés comme lorsque, enfant,  il parcourait un lieu aimé. Sur la toile, le chemin semble esquissé. Seule demeure avec le plus d’accaparement possible la liaison jaune/ vert dans la surface la plus exposée de la toile. Le jaune insiste à côté du vert et l’assiste.

Le tilleul et ses trous de lumière.

Le matin, le soir, à de certaines heures, les trous de lumière dans le tilleul du jardin opèrent deux effets : l’arbre a disparu et toutes ses formes courbes sont autant de corps en gestation, de lignes d’où des corps vont naître. L’arbre est ainsi placé par la lumière dans une durée inusuelle jusqu’à ce qu’il reprenne ses droits, la lumière l’ayant abandonné. La toile est à proximité de toutes ces venues.

S’il s’approchait de l’arbre, non loin de lui, il était tout de suite cerné par une croyance heureuse : sa perception de l’étendue du feuillage, tendre jusqu’à ne plus être que tremblement, n’était plus celle d’un spectateur. Savait-il que plus tard, écrivant le poème avec ces éléments-là, l’arbre, l’étendue, les trouées de lumière, il en serait exclu avec l’espoir pourtant que serait chassé le sentiment de l’irrémédiable dépossession et, les yeux fermés comme pour faire surgir ou inventer une nouvelle histoire, il serait celui qui résiste à ces nouveaux venus et tenterait de faire parler l’image dans son silence.

Voir les autres toiles de juin / juillet 2009.