L’enfant bleu

by b

Un texte de Georges Badin

L’enfant bleu

Qui a vu autour du corps presque emprisonné par le bleu intense de la serviette – le sable dans sa surface disperse l’attention –  est pris par cette durée dix ans après ou, s’il s’en souvient, cette image reste intacte.
La couleur bleue a fait son apparition ces derniers jours, on dirait après un long silence,  des mots nouveaux sont venus la secourir.
Du littéral aux métamorphoses, deux êtres ne sont séparés que de quelques mètres, mais en fait toute la surface envisagée où se produiront des actes, des passages,  sera mouvementée selon les paroles, les gestes, les attitudes.
Un silence léger est à ses côtés, fidèle, se déprend de lui, sera toujours autour de lui, devant lui. Invulnérabilité, liant deux bleus dans leur longueur, celui uni de la serviette séparant l’enfant de celui, plus fluctuant, de l’eau.
Ce bleu, comme une draperie, l’enfant le voit, le lit dans tous ses états. Le poète les écrit, le peintre les impose sur la toile, c’est « l’empire des signes » comme le convive à une table japonaise qui prélève «  d’une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d’une sorte d’inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l’accompagnement détaché , indirect, de la conversation. » (Roland Barthes, L’Empire des signes)

Georges Badin