Georges Badin

La peinture de Georges Badin

Soleil

Un texte de Georges Badin

« Soleil tu joues avec moi
pourtant ceci n’est pas du tout une danse
tant de nudité
presque du sang
ou quelque sauvage forêt ;
alors – » (Georges Séféris, « Sur scène »)
Tant de fois la nudité, présente dans le feuillage, dans l’eau bleue, sur le jaune de la bouée ou du sable, que tu ne nommes pas, que tu voudrais placer à armes et résurrection égales dans toutes tes toiles, qui te viendrait en aide, figure de la beauté.

Robes peintes par Georges Badin pour Alessandra Giraudo

Livre Patrick Chamoiseau / Georges Badin

Livre textes manuscrit de Patrick Chamoiseau, peintures originales de Georges Badin vient d’être publié par les éditions « Le livre pauvre » de Daniel Lewers.

Le teinturier des muses

Un texte de Michel Butor

Un nouveau livre est en préparation chez Jean-Paul Martin, éditeur, avec des peintures originales de Georges Badin et ce texte de Michel Butor.

Michel Butor : Le teinturier des muses
Pour Georges Badin

La toile déroule
tous ses carrefours
de fils qui transmettent
les appels des plantes
qui les ont produits

Et tous les messages
des points cardinaux
qui roulent en vagues
dans les doigts pressés
de les étaler

C’est dans l’atelier
ou dans le jardin
tendu de plastique
que va s’écouler
l’arc-en-ciel des encres

L’or brûle par ci
le vert germe là
le bleu prend son vol
ou sa profondeur
le rouge épanouit

Les fleurs des soirées
les lèvres du temps
les braises des yeux
le noir intervient
comme un grondement

Ici le mélanges
et là les contrastes
les répercussions
réverbérations
marées de nuances

Au centre s’enfoncent
des puits d’espérance
communications
avec d’autres terres
avec d’autres temps

Avec d’autres mondes
il faut établir
margelles bordures
pour les contenir
pour les contempler

Parfois ce qui vient
invite au partage
on va découper
pour mieux accueillir
ce que l’on devine

Scissiparité
deux individus
poursuivent leur vie
et leurs aventures
à quelque distance

Essaimant encore
vol de papillons
qui couvre les murs
en y déployant
leurs évolutions

Alors on saisit
brosses ou pinceaux
pour délimiter
portes et lucarnes
accentuer l’éclat

Dans cette région
voici un carré
qu’on peut détacher
mais qui reste ici
coup de l’étrier

C’est une autre toile
qui vient s’essayer
c’est une autre chambre
au palais des fées
un autre élixir

Ou voici des grilles
pour localiser
l’oracle des gongs
barreaux de l’échelle
qu’empruntent les anges

Les discours s’éveillent
dans tous les recoins
les chants retentissent
de cloîtres en nefs
de cuivres en bois

Pour les retenir
les encourager
des fouets de paraphes
comme des signaux
du chef de l’orchestre

Presque l’écriture
pour nous engager
à chercher plus loin
à nous embarquer
dans le déchiffrage

C’est à ce moment
qu’on passe la main
les pages sont mûres
pour qu’une autre voix
vienne dialoguer

Les panneaux sont prêts
pour manifester
troubler les festins
des puissants du jour
par leurs inscriptions

Balthazar Ubu
tyrans milliardaires
songes et mensonges

Quatre à quatre

Un livre de Georges Badin et Michel Butor

Quatre à quatre, un livre édité par Jean-Paul Martin, poèmes de Michel Butor, peintures originales de Georges Badin
Site de l’éditeur

L’homme est sans qualités

Un texte de Georges Badin

L’homme « au torse nu » est sans qualités, on ne lui donnera aucun nom pour l’instant même s’il est dit attentif ou vu ainsi, même si le cillement  a des inflexions de jeu mais, heureusement pour lui, il écrit qu’«  il délace le soutien-gorge » de sa voisine. Il ne dit pas s’il est allé vers elle sans détours, avec une intention qu’elle ne soupçonnait pas. Personne n’assistait à la scène,  mais est-ce lui, le poète, qui nous persuade qu’il a dégrafé le corsage?  Il a ajouté à son geste des mots et surtout le vouloir-écrire pour ne rien laisser au hasard,  une décision, une vue qu’il ne peut pas perdre sans l’acte de défaire le soutien-gorge. La plage désertée par les cris,les  paroles,les  nudités (« indécentes vacances »), tant le désir (d’elle) l’emportait. Ainsi le poète avait brutalisé, chassé le premier homme, en ne perdant pas de vue le poème.  « Le Temps règne en souverain maintenant » (Baudelaire « La Chambre double » Le Spleen de Paris). Midi, là, dans sa chaleur qui descend vers eux. Bleu comme l’emploiera le peintre, outremer devenu eau où s’ immerger. L’amoureuse en secret reconnaît Michel Butor. Sait-elle par lui qu’elle a la vie sauvée ? Quant au poète, il s’arrête sur qui perd gagne, un jeu dont il ne sait plus les tours mais ses voyages par les livres qu’il en rapporte lui font côtoyer ce jeu nouveau. S’il exagère, c’est comme chez Poussin, dans Les Quatre saisons, pour donner au printemps son surcroît de mots. Il pourrait écrire aussi : « Je n’ai rien négligé ».
Georges Badin
05 / 04 / 2009

« Par la danse et l’élan » in Vive fut l’aventure

Portrait du peintre Georges Badin

Tel lui-même ivre de lumière
en la mer
immergé.

Eclats
brisures
somptueuse nonchalance en croix
sur le lit du large.

Mille et mille étincelles éblouies
de ciel
sous les diaprures
de sel
et d’écume.

Danse ou combat ?
Arabesque et guerre
avec l’ange
qui vient, s’enfuit, revient, s’échappe
en toute vague.

Et les bras, les jambes, les mains, la chaude,
allègre fureur du corps
étreignent enlacent épousent
le tumulte
originel

avant de regagner apaisés en croix
sur le lit du sable
celle
dont les seins le regard le silence
et l’amour
donnent sens
jour après nuit
à l’incertaine traversée.

Ainsi tel lui-même en la mer
immergé
aux prises avec la houle
de lumière
de feu
de chair
que la couleur tour à tour promet
et dérobe,

ainsi va-t-il vigie de proue
par la danse et l’élan
des vastes
brassées de couleur

au-dessus du vertige.

Tout fou
cavalcadant
en blanc tumulte
d’écume

vers le large.

Ainsi
le jeune torrent
de vie
à la fonte fracassante

des neiges.

Tout fou taureau
de feu
fonçant droit
ébloui

vers la foudre.

Double mélèze
haut blason
d’un novembre
incertain.

Grand oiseau
déployant
à contre-mont
son blond plumage.

L’heure on dirait
retient
son souffle

pour que la multiple
lumière
ouvre à plein ciel
sa corolle bleue.

Plus blanche et plus fraîche
scintille en mille arpents
d’étincelles la neige

sous le noir regard
d’une sauvageonne éclose
fille d’ambre sombre au bord

de l’île et de la fable.

Georges-Emmanuel Clancier, Vive fut l’aventure
copyright Editions GALLIMARD – Tous les droits d’auteur de ces textes sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation autre que la consultation individuelle et privée est interdite

« Méditations physiques » de Lucien Giraudo

MEDITATIONS  PHYSIQUES (Pour Georges Badin)

1.

Tu es allongé
Et tu n’as pour une fois
Rien à faire d’autre que de bien peser
De tout ton poids
De haut en bas

2.
Mais
Tu le sais bien rien n’est plus coriace
Se détendre, être enfin décontracté
Prendre un peu plus de place
Alors lyrique je me lance
« Que tes contours se mettent à rôder plus loin »

3.
Avec
Plus de souplesse dans la matière
Et malgré la rigidité de tes os, tu pourrais grandir encore
Ne fût-ce que de vingt centimètres
Pour  attraper ainsi
Quelques cerises supplémentaires


4.
Mais
En toi tout est
Morcelé cloisonné divisé
Et d’abord cette respiration
Lamentable irrégulière venue d’on ne sait où
Qui tire à hue et à dia c’est selon

5.
Tu crois
Te souvenir cependant
Mais cela est très ancien
Qu’enfant
Une vague mauvaise de la mer
A changé en toi le cycle du souffle


6.
Et
Depuis
Il s’agit pour toi de retrouver
Cette allégresse pneumatique
Qui remonte de matrice en matrice
Jusqu’à l’origine élastique

7.
Tu sentiras
Croître bientôt
Ton cerveau ventral
Où s’archivent tous tes pas et les flux sanguins de tes jambes
Qui épousent du bas vers le haut
La cambrure du torero

8.
Maintenant
Tu te souviens qu’une orange de bleu
A sur la mer grise un jour éclaté
Avec le soleil sortant des eaux
Et ce fut un immense tableau
Sur la terre surprise

9.
Ta tête
Tu en fais le tour avec tes mains

Epousant  formes et arêtes
Tu avais oublié  la ligne de ton crâne
Et  tu trouves qu’il est  apaisant de s’en rappeler
Avant qu’il ne soit trop tard

10.
Les yeux
De l’intérieur
Suivent l’extérieur
Ils travaillent tout seuls comme un pinceau
Qui appuie ici
S’allège là

11.
Ce qui
Te permet
De bien méditer c’est le silence
Il n’est jamais complet
Car l’oreille est désir
Elle est ce papier chiffon qui boit l’encre du monde

12.
Tu émets enfin

L’hypothèse que tes mains
Se détachent des bras à la pliure du poignet
Et se mettent à
Ecrire tout ce que tu
N’écriras jamais

LUCIEN GIRAUDO

Robert Marteau et ses amis peintres et graveurs

L’exposition « Robert Marteau et ses amis peintres et graveurs » aura lieu du 10 février au 15 mars 2009 à la médiathèque d’Issy-les-Moulineaux (33, rue du gouverneur général Eboué)

Seront exposés (entre autres) un livre avec des poèmes de Robert Marteau et des peintures originales de Georges Badin et un parasol peint.

Etincelles d’instant

Un livre en collaboration avec Georges-Emmanuel Clancier, Etincelles d’instant