Georges Badin

La peinture de Georges Badin

A l’éclat de la treille par Sylvestre Clancier et Georges Badin

Ce carnet à spirales comprend des poèmes manuscrits de Sylvestre Clancier et des peintures originales de Georges Badin (12 pages, 32x41cm, 300grs).

Carnet de corridas

Carnet à spirales (12 pages, 32x41cm, 300grs).

Buisson ardent de la couleur Sylvestre Clancier et Georges Badin 2001

Ce carnet à spirale comprend des poèmes manuscrits de Sylvestre Clancier et des peintures originales de Georges Badin (12 pages, 32x41cm, 300grs).

Toiles encadrées

Nuidité de la lumière Jean-Gabriel Cosculluela à Georges Badin

Le peintre part de rien. Ou presque. Dans l’étrange familier (1) de la peinture.

Il part de rien, sans rien oublier,  sans oublier le vertige, le manque de voir possible devant la lumière, la joie.

                                              Je crois qu’il n’y a pas de lumière en ce monde
                                                                     sinon ce monde
                                                        Et je crois que la lumière est (2)
 

Depuis longtemps et souvent,  il quitte les mots pour les couleurs, le visible comme l’invisible, il marche avec les couleurs, leur dissémination, il laisse les sandales comme sur un chemin blanc dans la montagne, près d’un torrent, mais une page au fond ou au bord ce n’est  pas comme, il sait que la lumière est, dans l’éclat soudain, où même l’ombre brûle.

Le peintre peint la vie au moment de la lumière la plus vive ou de la moindre lumière.

Sur la page,  il tire la lumière, il tire les couleurs avec le feu, l’air, la terre ou l’eau.
Les couleurs élèvent, évident, creusent, fuguent. Elles écoutent le blanc près de rien: il y a des strettes de couleurs seules et non seules dans le blanc.

Où va la lumière ?

Les couleurs poussent le livre vers ses limites: elles y rôdent, fugueuses et nodales.
Le peintre va vivement sur la page et se perd au bord de la page: les couleurs sont tracées et s’effacent aussi en allant vers le bord.

La lumière est l’air des couleurs de s’en aller dans le blanc: elles  gardent le blanc et elles le dénouent dans le vide.

Les couleurs apparaissent et disparaissent dans le blanc. Dans un instant immédiat, le peintre va vivement dans le livre et vers ses limites:  il exalte la nudité du vide (3). Le peintre s’en va avec les couleurs, il fait de l’erre dans la lumière. Il peint et perd les couleurs sur leur fin. Dans la nudité de la lumière.

                                                     Et dans cette lumière tu es présent;
                                                          mais je ne sais pas où tu es,
                                                     je ne sais pas où est la lumière.(4)

Le peintre revient à l’inconnu sans oublier le vertige, le manque de voir possible devant la lumière, la joie. Avec la peinture, il lui revient de peindre jusqu’où perdre les couleurs, jusqu’où voir , de mettre en demeure les couleurs d’apparaître et de disparaître dans la page, dans le livre; les couleurs passent la page.

Le peintre est là, il met les couleurs en demeure d’attendre sans retard la lumière et quelques mots.

Le livre pauvre, encore, comment l’imaginer avec les yeux et les mains ?

© Jean-Gabriel Cosculluela, septembre 2011 – mars 2012

(1) Sigmund Freud
(2) George Oppen
(3) Jacques Dupin
(4) Juan Ramon Jimenez
(5) Jean-Gabriel Cosculluela

Ce texte fait l’objet d’un livre d’artiste aux éditions Mémoires / Eric Coisel avec des peintures originales de Georges Badin.

Ce qui tombe par Alain Freixe et Georges Badin

Ce livre comprend 14 exemplaires manuscrits par Alain Freixe et une peinture originale de Georges Badin.

« Le sourire du chat »
Pour Georges Badin,
Se perd tout ce qui tombe. Pourtant quelque chose demeure dans ce qui tombe. Quelque chose reste de ce qui se perd. Quelque chose comme un sourire. Celui du chat-du-comté-de-Chester, tu te souviens, Georges, ce sourire qui reste, suspendu, flottant, alors qu’aux yeux d’Alice, le chat a disparu ?

Donner visage à ce qui n’en a pas, que j’habille ici d’une référence et d’un nom, ne serait-ce pas là l’enjeu de toute représentation affrontée à l’impossible, à l’insaisissable ?

Alain Freixe

Le petit interview intempestif de : Georges Badin par Jean-Paul Gavard-Perret

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’hiver, ce qui me fait me lever, c’est le réveil : 6 heures ou 6 heures et demie. « Du mécanique plaqué sur du vivant ».  Le printemps comme l’été, c’est le tilleul face à la fenêtre de la chambre et tous les apports de lumière, de couleur, de feuilles et de branches qui m’assistent. Longtemps ce furent deux couleurs dans le ciel, le bleu et le jaune et dans ce temps suspendu qu’elles me proposaient, j’aurais pu déjà emprunter le titre de Bonnefoy « La Beauté dès le premier jour ». Et cette nudité là, à toi, la couleur émouvante, aussi longtemps que durent l’été, son feu.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Si on lit mes textes ou si on regarde mes peintures sur de nombreux supports, on se dira que je n’ai eu aucun « rêve d’enfant » mais des passages dans des lieux : le jardin, la serre, le bassin, le magnolia dont les fleurs blanches ornaient presque la fenêtre. Ces lieux sont devenus autant de moments de peinture et de dessin : du temps retrouvé. Il y eut aussi un espace plus grand, « La Clapère », quatre -vingt hectares avec la rivière, le gouffre, ses rochers, ses collines : Eros était de ces fêtes.

A quoi avez-vous renoncé ?
Je n’ai jamais employé ce verbe « renoncer » qui sévirait si par hasard je voyais sa faux comme la mort a la sienne. Si j’écris « Je n’ai jamais renoncé à quoi que ce soit »,  je ne dis pas la vérité. J’ai appris peu à peu, en marchant dans la rivière sur des kilomètres, que je ne renoncerai ni dans l’écriture ni dans la peinture à noter tout d’elle : son parcours, sa noirceur éclatante, sa disparition. Il y aurait encore cette voûte, céleste ou pas, au-dessus de toutes les présences, odeurs, images ou cris, oiseaux. Je m’approche, en rêve, de Michel-Ange qui, par la tache violette, son manteau, était, sur le plafond de la chapelle Sixtine, rival du « Dieu hargneux » selon Stendhal et pour moi je tente d’être au ciel et sur terre, autant de haltes qui seront retenues.
Ce qui m’étonne, c’est, dans les corridas par dizaines, de ne pas avoir succombé – mort dans l’après-midi – aux cornes du taureau depuis le temps que derrière la barrière, j’observe, je prends la cape.

D’où venez-vous ?
Je vais ajouter  à cette interrogation un nom pour moi souverain : le lieu. Je n’ai pas besoin d’y revenir. Les textes qui sont sur mon site le nomment, le parcourent, ne répondant jamais, et c’est un bienfait, à toutes ses questions.

 Qu’avez vous dû « plaquer » pour votre travail ?
Je n’emploie pas non plus ce verbe « plaquer » qui pourtant a des attraits : la plaque d’entrée dans tous mes paradis.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
De quels « autres » artistes s’agit-il ? Ce n’est pas à moi à donner des noms. Je les laisse dormir, somnoler pour certains, ceux ou celles qui ont réponse à tout ou seulement ceux ou celles qui ont sur leur palette une seule direction ou formule. Je voudrais donner des noms, dire ce qui nous sépare, déjà une bande de terre noire infranchissable : ce serait éclairer quelques secondes des vies minuscules.

Où travaillez vous et comment ?
Dehors et dedans.

Quelles musiques écoutez-vous en travaillant ?
Des lieder de Schubert je retiens ce que lui veut nous faire entendre, indéfiniment presque, comme si l’insistance devait se transformer en prière, en empressement. Une descente comme par un chemin de montagne, sur lequel les pas vibreraient comme des notes. Si je dis « histoire », Robert Schumann complète, prend l’amour comme fil d’Ariane. J’en sors, après qu’il a été présent dans tous ses visages d’amoureux, prêt à des affrontements de même nature sur les pages du carnet puis sur les toiles.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Lettera amorosa », Char, l’été, la chaleur contre nous.

Quelles taches ménagères vous rebutent le plus ?
Le repassage.

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Aujourd’hui « Le jardin » dans Raturer outre (Yves Bonnefoy) dévide, parcourt ce que j’avais près de moi dans le jardin  d’alors : « puisque un enfant / Tire de l’eau dans un bassin de pierre, / Pour effrayer au fond quelques insectes. » Les ronds qui couvrent la toile, chacun d’eux bleu comme l’eau, tour à tour m’éloignent et me rapprochent de ce bassin.

 Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
D’abord je raie allègrement le mot « anniversaire » chaque année avec le plus de rage, de calme quelquefois, de la volupté surtout et si Zeus m’exauçait je lui demanderais de biffer plusieurs dizaines d’années de mon âge.

Que défendez-vous ?
Je suis sans défense et j’attaque.

Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »?
Oui, Lacan rêve d’un dénuement – femme ou homme sans vêtements – pour être souverain parmi eux et divin face au divan.

L’or bleu par France Burghelle-Rey et Georges Badin

Ce livre est paru en avril 2010 en trois exemplaires dans la collection Mémoires d’Eric Coisel. Il comprend des textes manuscrits de France Brughelle-Rey et des peintures originales de Georges Badin (27x19cm).

L’hortensia

IMG_3039L’Hortensia

Le mur gris dans sa faiblesse sépare le jardin où autrefois le magnolia au tronc comme une cheminée donnait à la fenêtre du deuxième étage ses fleurs ouvertes, langues blanches. Heureusement sur la toile le jaune d’or solaire sert de parabole à l’hortensia peint, où les couleurs,  du rose vif à la pâleur de la joue qui ment, au vert des feuilles  – et c’est un fait d’armes presque – toile déjà en attente dans la porte-fenêtre. Devant l’hortensia extasié – le peintre.
Georges Badin
9 janvier 2013

Dans la fenêtre du matin

I

L’Hortensia explose
Comme une bombe de feu
Rose

Vitre soufflée pourrai-je encore
Mettre ma joue chaude
Contre ta paroi de verre

Quels bons visages
Clowns vêtus de bleu
Et princes de contes de fées

Et grande la mer dorée
Qui tourne et retourne
Les vagues acrobates

II

L’Hortensia
Que j’écris maintenant
S’est répandu
Dans  les fibres
De la toile
Sans le titre
L’Hortensia serait
Partout
Invisible
Et indivisible
Tout a été fixé
Par  brosses ou pinceaux
Et pourtant
L’Hortensia
S’évapore

III
Et dans ses dessous
Encore offerte
Toute la toile
Tourne comme la corbeille
Chargée des fruits de l’automne
Rehaussés de transparences
D’ambre  de raisins blancs et  de miel durci

L. Giraudo

Sans jamais sortir de la chair par Joël Bastard et Georges Badin

Sans jamais sortir de la chair vient de paraître dans la collection Mémoires d’Eric Coisel. Ce livre manuscrit en trois exemplaires comprend des peintures originales de Georges Badin.

Dans le rai de lumière, l’histoire de l’éveil du monde. C’est mon souffle dans l’atelier. Autour, le vacarme des oiseaux agités d’azur et d’ivresse.

En ouvrant le cahier, un insecte minuscule, ne cherchons pas son nom, rien que cela, un insecte minuscule et le grondement de mon stylo pour cheminer dans la nuit douce de juillet.

Nous ne parlerions plus si nous savions ce que nos mots incarnent véritablement. Morceaux de chair que nous déposons sur un mur pour ceux qui passeront là. Pour les bêtes aux yeux nacrés, aux lèvres sanglantes.

Un vieux chêne grince une chanson funèbre. La pourriture au cœur de l’aubier. Il tombera bientôt emportant le lierre qui encore une fois s’est trompé de chemin.

Un mauvais jour, nous nous sommes mis à tout suspecter, jusqu’à la superficialité des fleurs. Leur apparence trompeuse.

L’oiseau recommence des verdures. Fermant les yeux nous pouvons choisir aujourd’hui son paysage.

Souvent dans l’ombre des maisons, avant qu’elles ne se replient sur le dernier souffle d’un homme, des froissements s’étiolent parmi les gestes limités. Un drap s’étire, un robinet goutte dans l’obscur, une scolopendre humide arpente avec naïveté un mur. Ce que l’on retient alors, c’est une porte contre laquelle cogne avec insistance une nature pressée.

Ce n’est pas un mur, les yeux fermés. C’est de la chair. De la chair. De la chair. Et cet esprit qui ne sait dans quel coin se rafraîchir. Là-dedans, sans jamais sortir de la chair.